En septembre, j'ai eu la chance de faire deux interventions, l'une sur le télégraphe chappe, et l'autre sur la faune de la Vanoise, à des collégiens en classe de 6ème originaires de Neuilly-sur-Seine. Lors de leur séjour en Maurienne, ils ont eu, par petits groupes, plusieurs interventions de professionnels sur différentes thématiques de la vallée de la Maurienne : le but étant qu'ils retranscrivent ce qu'ils avaient appris dans des petites nouvelles de leur invention... Voici un petit aperçu de leurs périgrinations...
L'étrange signal
Jusqu'à maintenant, c'était une journée ordinaire pour Ginette. Cela faisait plusieurs heures qu'aucun message n'avait été envoyé par le commandement. Mais Ginette était minutieuse, elle regardait régulièrement dans ses deux lunettes, à l'affut du moindre signal qu'il faudrait transmettre. Sa mission était importante, la réussite des guerres de l'Empire dépendait d'elle. En tout cas, c'est ce qu'elle croyait.
En début d'après-midi, elle vit par sa lunette que le télégraphe de Sollières avait bougé. Néanmoins, le signal qui était transmis n'étais pas un signal de service, ce qui était étrange puisque tout message est précédé d'un signal de service. D'ailleurs, ce n'était pas non plus un signal qu'on voyait dans les messages du commandement. Le stationnaire chercha la marche à suivre dans cette situation dans les notices qu'on lui avait fournies. Le signal affiché par Sollières n'existait dans aucun manuel. Ginette était démunie, elle ne pouvait transmettre un message qui n'existait pas, elle ne pouvait envoyer un message d'erreur car elle n'était pas au milieu d'une transmission, elle ne savait que faire. Elle prit une plume et un morceau de papier qui trainait dans le baraquon et consigna la position du télégraphe voisin. De toute manière, quelques minutes plus tard, il reprit sa position initiale sans qu'aucun autre message ne fût envoyé.
Elle rangea le papier puis reprit e cours de ses activités. La vie de stationnaire était monotone et il ne se passa rien d'inhabituel les jours suivants. Elle ne pouvait s'empêcher de repenser à ce qui était arrivé. Mais avec le temps elle oublia jusqu'à ce qu'elle reçut, quelques semaines plus tard, un nouveau message, similaire au premier, puisque lui non plus n'avait aucun sens dans le vocabulaire de l'Armée. Elle se souvint de ce qui était arrivé auparavant, et, décida de répéter l'opération en consignant le nouveau message auprès du premier. Et pendant des mois, Ginette consigna la position du régulateur et des indicateurs de Sollières chaque fois qu'ils n'étaient pas dans une position conventionnelle.
Un samedi du mois de Juin 1814, Ginette reçut un jour de repos de l'Armée. Ce même samedi avait lieu à Sollières des comices agricoles. Ginette n'avait pas vu grand monde depuis des mois, si ce n'est des années. Elle emprunta la mule d'un paysan voisin et se rendit à Sollières afin de profiter des festivités. Elle passa une très agréable journée. Elle rit beaucoup, ce qui n'arrivait jamais. Mais en fin d'après-midi, au moment de reprendre la route de Saint-André, elle fit un détour par le télégraphe pour saluer son camarade. Arrivée sur place, un grand homme, très beau, bien habillé, la coiffure impeccable, les muscles saillants, sortit du baraquon. Ginette n'avait jamais vu un homme aussi élégant, elle en fut transportée. Aucun mot ne pouvait plus sortir de sa bouche et ses yeux ne pouvaient plus quitter les yeux d'Etienne. Etienne s'approcha avec confiance de Ginette, lui prit la main et l'emmena à l'intérieur du baraquon. Elle le suivit, ne sachant que faire. Une fois à l'intérieur, Etienne lui dit : "Je n'ai rien à te dire. je t'ai déjà tout dit. Prends cette feuille, elle te permettra de décoder mes messages. " Ginette pris la feuille et s'en retourna à Saint-André. Mais la route ne lui parut pas la même qu'à l'aller. Elle se sentait étrangement bien.
Toute la nuit, elle déchiffra les messages d'Etienne et comprit la flamme dont il était épris. Ginette n'avait qu'une envie : être à ses côtés. Sa nuit fût très agitée, elle ne trouvait pas le sommeil, elle ne pensait qu'à Etienne et à comment le retrouver. Le lendemain matin, un inspecteur de l'Armée arriva au télégraphe de Ginette. L'inspection était habituelle et il ne trouva rien à redire à Ginette. Mais au moment où l'inspecteur s'en allait, Ginette prit son courage à deux mains et l'interpella : "Sergent, j'aurais une requête. Je souhaiterais être réaffectée au télégraphe de Sollières." L'inspecteur ne dit rien, sortit un petit carnet, nota trois mots et disparut.
Des semaines s'écoulèrent sans que rien ne se passe. Mais un matin, alors que Ginette perdait espoir de revoir Etienne, elle reçut une missive de Paris qui notifiait sa nouvelle affectation à Sollières. Elle n'en revint pas, elle se mit à pleurer de joie de pouvoir enfin être près d'Etienne. A son arrivée à son nouveau poste, Etienne l'attendait. Dès qu'elle arriva, il l'embrassa. Ils devinrent coéquipiers sur le télégraphe. Leur collaboration se passa à merveille. Deux ans plus tard, leur premier enfant naissait.
Aucines I. & Grégoire B.
Le gypaète et le diable
Un gypaète, mangeur de mulots, affamé, chassait deux gros mulots. Soudain, il piqua sur les deux rongeurs qui se retournèrent et lui griffèrent les yeux. Ce qui lui impliqua deux cercles ruges autour des yeux. Mort de douleur, il rentra à son nid.
Fatigué d'avoir chassé toute a journée, il s'endormit. Durant son sommeil, le diable l'interrompit et lui dit d'une voix sérieuse : "J'ai appris ce qu'il s'est passé dans la journée et je sui déçu car d'habitude tu es sans pitié our tes proies. C'est donc our cela que je décide de vous maudire. Toute ton espèce et toi porterez un cercle rouge autour des yeux."
Puis, le démon repartit en un claquement de doigts.
Honteux, ils jurèrent de ne plus manger de viande fraiche, mais uniquement des os. C'est alors qu'ils découvrirent que les os étaient bien meilleurs.
Gabriel M., Félix J. & Joseph H.
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